Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
L'étonnement perpétuel
6 mars 2013

La souffrance animale comme motivation pour être végétarien

LE VEGETARISME

Le scandale actuel sur la viande des plats préparés ramène le problème de la production alimentaire industrielle sur le devant de la scène et certains y ont vu également une occasion de s’intéresser au végétarisme et ses variantes : végétalisme, véganisme, flexitarisme et autres… Le débat sur l’industrie agroalimentaire est en fait une suite logique de celui du végétarisme qui est essentiel.

On peut attaquer la question du végétarisme par plusieurs bouts : éthique ; santé ; écologie ; évolution ; tradition. Selon moi, le côté éthique devrait être la seule véritable motivation mais chaque aspect apporte de bonnes raisons de se porter vers le végétarisme. C’est l’un des rares débats sur lequel il m’est difficile de voir de bonnes raisons de ne pas devenir végétarisme mis à part la paresse intellectuelle et l’inertie à ses habitudes.

1°) La défense de la tradition :

Il y a tout d’abord une partie de la population qui ne se pose même pas la question du végétarisme et qui suit les habitudes alimentaires qui sont les plus coutumières. On me pardonnera de ne pas considérer cela comme un argument fort.

Une autre partie va défendre ardemment la place de la viande et du poisson dans la gastronomie. Certains pourront le faire par rapport aux apports en protéines (on le verra par la suite) ou alors par rapport à la tradition ou au goût. Le style d’argumentaire fréquent dans ce cas sera une variante des affirmations logiques qui suivent : la viande c’est bon donc j’en mange ; j’ai toujours mangé de la viande donc je continue à le faire ; tout le monde mange de la viande donc moi aussi… C’est un argumentaire dogmatique et irrecevable. Il suffit de le transporter sur d’autres sujets pour se rendre compte de son ridicule. Si un cannibale nous explique que la viande humaine est très gouteuse et que sa famille en a toujours mangé, on ne manquera pas de considérer cet individu comme fou et son argumentaire comme peu convaincant. Le fait d’avoir toujours fait une erreur ne légitime pas cette erreur. Le fait d’apprécier quelque chose ne fait pas de cette chose quelque chose de bien.

2°) La supériorité de l’homme :

L’argumentaire précédent est idiot et beaucoup s’en rendent rapidement compte dans un débat sur le végétarisme. Beaucoup sont ceux qui enchaînent alors sur l’argument de la supériorité de l’homme qui est tout à fait recevable même si assez fragile.

L’argument est le suivant : l’être humain est une espèce « supérieure » aux autres espèces animales qu’elle peut donc exploiter, tuer, manger. Bien que je sois en désaccord sur cette difficile définition de la supériorité, l’argument peut tenir. Si l’on pense que l’animal n’est qu’une machine un peu évoluée, alors il n’y a aucune raison de ne pas l’utiliser comme un objet. C’est ce que pensait Descartes par exemple. Mais si l’on considère la définition de cette supériorité et qu’on pose le langage ou la conscience de soi, alors on pourrait trouver des animaux qui sont plus humains que des nourrissons ou des handicapés mentaux. C’est une argumentation qui est donc bien fragile.

A cela vient parfois s’ajouter l’argument de la chaîne alimentaire : beaucoup d’animaux en tuent d’autres pour se nourrir alors pourquoi pas l’homme. L’homme devient alors un animal comme un autre. C’est selon moi l’argument le plus fort et la raison pour laquelle je ne m’interdirai jamais de tuer et manger un lapin ou une truite si je meurs de faim. Toutefois, la différence avec les autres animaux carnivores est double : l’être humain n’est pas obligé de manger de la viande pour survivre et surtout l’être humain ne chasse pas sa nourriture mais l’exploite. A la différence du requin ou de l’ours, l’homme peut survivre sans viande. Et surtout, à la différence des animaux carnivores, l’homme torture littéralement les animaux et les considère comme des choses. L’individu qui chasse sa nourriture sans gâcher la viande est à mes yeux le seul qui peut légitimer sa consommation de viande. Celui qui achète sa viande provenant de l’industrie alimentaire ne peut qu’être coupable.

3°) La santé :

Certains pensent sincèrement qu’il faut manger de la viande et du poisson pour être en bonne santé. Il est vrai que celui qui est végétalien et refuse tout produit d’origine animale aura des carences qu’il devra combler. Mais celui qui accepte les produits lactés et les œufs n’aura aucune carence. On consomme aujourd’hui beaucoup trop de protéines par rapport à nos besoins et on peut trouver nos besoins journaliers en protéines dans de nombreux autres aliments : lentilles, pain, œufs, pois chiches, riz, pâtes…

Celui qui regarde à son hygiène de vie sera plutôt enclin à refuser la viande et le poisson, au moins d’origine industrielle. Même les légumes, fruits et céréales sont suspects avec les insecticides, pesticides ou mélanges d’OGMs. Et les scandales sur les produits animaliers sont encore plus effrayants. On peut rajouter les risques cardio-vasculaires de ceux qui abusent de la viande rouge ou de nombreux arguments qui font du régime végétarien une meilleure hygiène de vie.

4°) L’argument environnemental :

Aujourd’hui, cet argument arrive au-devant de la scène. L’élevage consomme énormément d’eau, est très polluant (le méthane produit par le pet des vaches par exemple) et ne présente pas un bilan énergétique satisfaisant : la consommation en protéines de la vache est égale voire supérieure à la quantité de protéines que sa viande contiendra.

Au moment de penser à nourrir une planète surpeuplée, cette question écologique devrait au moins permettre une augmentation du coût de la viande et cesser cette cuisine européenne ou la pièce de viande est le centre de l’assiette.

5°) L’argument éthique :

Cela devrait être le seul point de débat mais c’est hélas rarement le cas. Quand on considère la souffrance, la torture des animaux qui sont élevés industriellement, il est difficile de rester de marbre. Sans prendre les exemples extrêmes de ces bêtes que l’on contraint à ne pas bouger pour assurer une viande plus tendre ou ces vaches que l’on modifie génétiquement pour qu’elles produisent davantage de lait, on ne peut pas être insensible à la souffrance de l’animal qui arrive à l’abattoir et qui a tout le temps de paniquer avant d’être tué.

Peter Singer, qui milite contre le spécisme, pose sa décision d’être végétarien sur la souffrance engendrée. Je suis à 100% d’accord avec lui pour dire que c’est à partir du moment qu’un animal souffre que l’on doit considérer que son traitement est anormal. Les animaux qui s’entassent dans des espaces minuscules, qui pataugent dans les flaques de sang avant d’être tués sont des animaux qui souffrent et cela ne peut pas être considéré comme normal. L’homme a su s’élever à un stade de respect et de tolérance certes constamment menacé par certains dérives mais fondamentalement extraordinaire. Le respect de l’animal, c’est le respect de la vie, une vie que l’on ne veut pas voir en souffrance.

Publicité
Publicité
Commentaires
L'étonnement perpétuel
  • Pourquoi y a t'il quelque chose plutôt que rien ? Voilà le fondement de l'étonnement philosophique. Un étonnement qui est source de multiples questions et d'une belle dose de stimulation intellectuelle !
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Catégories
Archives
Publicité